Article initialement publié sur Forbes le 4/09/2019
Les messages de communication qui incitent les entreprises à «innover» abondent. Le mot innovation est présent partout, assaisonné à toutes les sauces, si bien qu’on ne sait plus vraiment de quoi on parle. Par expérience, à chaque fois qu’un professionnel emploie le terme « innovation » lors d’un événement, il n’est pas rare qu’on lui demande : « Oui, mais c’est quoi l’innovation en fait ?».
Oublions la définition rabâchée de l’OCDE, et revenons à l’essentiel : innover c’est apporter quelque chose de nouveau quelque part. A partir du moment où vous vous retrouvez dans cette définition, vous pouvez dire sans honte que vous « faites de l’innovation ».
La définition est cependant vaste et il est vrai que cet acte d’innover peut se décliner sous de multiples formes. Cela impose de pouvoir adopter une vision globale et systémique de son organisation et de son environnement. C’est pourquoi l’équipe dirigeante est souvent l’initiatrice des plus fortes transformations dans les entreprises. Pour autant il est possible d’innover à tous les niveaux de l’entreprise.
Pourquoi innover ?
Les moteurs peuvent être multiples, impulsés par une impérieuse nécessité ou simplement par une volonté de progresser dans un ou plusieurs domaines.
Il existe trois principaux moteurs :
- économiques : augmenter le chiffre d’affaires et / ou la marge, assurer la pérennité de l’entreprise en anticipant les tendances de son marché et de son environnement, fidéliser les clients, rester compétitifs…
- d’engagement volontaire (ou imposé): progresser en matière de respect (voire de sauvegarde !) de l’environnement, s’engager socialement vers un management plus harmonieux, montrer la voie du changement et du progrès (qui peut transcender les murs de l’entreprise) en s’inscrivant dans les meilleures pratiques, voire en faisant figure de modèle d’inspiration pour d’autres tant l’entreprise parvient à aligner les valeurs de société et les ambitions économiques.
- la contrainte réglementaire : c’est moins glorieux, mais souvent il s’agit de la motivation dominante de nombreux changements intervenant dans les PME.
Où une entreprise peut-elle innover?
L’innovation peut prendre forme à divers endroits, dans divers domaines :
- L’offre (les produits et services) : il peut s’agit simplement d’apporter une nouvelle fonctionnalité à une offre existante ou de refondre complètement son offre et son modèle de rentabilité.
- Les clients : vous pouvez vous intéresser à conquérir une autre cible de clients, un nouveau marché.
- Le marketing et la communication : repenser le packaging, l’image de marque, la charte graphique, redéfinir les messages vers les prospects, communiquer différemment avec ses clients…
- Les procédés : vous pouvez développer une technologie qui optimise la conception, la fabrication, la logistique, la gestion des ressources, la gestion…
- L’organisation : repenser les façons de travailler, de décider, de contrôler, d’interagir entre chaque équipe, chaque personne.
- Les ressources humaines : repenser la politique de gestion / animation / recrutement des acteurs de l’entreprise, fidéliser, motiver…
- Les partenariats :développer son écosystème, son réseau local ou international, développer un modèle basé sur un réseau de distribution ou de prescripteurs, concevoir de nouvelles offres avec des partenaires…
- …
En dépit d’un manque de moyens souvent contraignant, les PME ont des atouts indéniables : leur taille humaine, la porosité de l’organisation (une plus grande polyvalence, les personnes se croisent, se connaissent), une culture de proximité plus présente, une prise de décision rapide, suivie d’actions (agilité).
Le rôle de l’équipe dirigeante.
Quoi qu’il en soit, un constat est sans appel, l’innovation n’est possible que si le/la dirigeant.e est convaincu.e, moteur, mais surtout exemplaire ! En effet, comment entraîner ses équipes si « la tête de pont » n’est pas enjouée, claire dans sa vision et sa communication ?
La culture de l’innovation est assimilable au balayage d’un escalier : cela marche mieux quand on opère du haut vers le bas !
Le premier chantier se situe donc bien à la tête de l’entreprise. Inutile d’engager une quelconque action sans avoir mis à plat la raison d’être de sa société (ce qui la distingue des autres, au-delà des évidences économiques), sans avoir détouré des ambitions stratégiques qui soient en accord avec la vision poursuivie. Cette stratégie pourra ensuite être affinée, ciselée, avec les forces vives de l’entreprise pour construire un projet collectif où chacun se retrouve et se sent partie prenante. Le reste se fera alors quasi naturellement et avec le recours si besoin aux aides nécessaires pour avancer mieux et plus vite (réseau local, Bpifrance, conseils, experts, partenaires…).
En prenant cette voie, c’est l’assurance de ne pas procéder « à l’envers », par exemple en partant d’une solution que l’on cherche à tout prix à intégrer dans l’entreprise. La « solution » devrait être construite en accord avec la vision, le cap, la raison d’être. Tout ce qui est périphérique sera superflu ou voué à l’échec.
L’intervention de tiers est primordiale dans toute démarche d’innovation.
Il est essentiel de se confronter au plus tôt à des soutiens, des guides, aux clients mais aussi (et surtout) aux contradicteurs ! Il ne faut pas avoir peur de se faire bousculer. Il est même utile d’aller chercher les personnes qui sauront poser très tôt les bonnes questions, celles qui déstabilisent, pour limiter les risques et ne pas progresser sur des voies vaines ou des fausses routes.
A vous maintenant ! Quelle est la véritable raison d’être de votre entreprise? Quelle est votre mission de citoyen dirigeant.e?