Selon la typologie de l’entreprise, il est plus ou moins difficile d’en déterminer sa valeur. Quels sont les critères prépondérants qui contribuent à cette valeur ? Sur lesquels de ces critères pouvez-vous agir efficacement ? Autant de questions qui sont abordées dans cet article.
La question de la valeur de l’entreprise se pose dans plusieurs circonstances :
- Quand on crée une activité, on y projette une certaine valeur, qui évoluera dans le temps, en fonction des objectifs atteints ou non.
- Quand on souhaite ouvrir son capital à un nouvel associé, à un nouvel investisseur : sa part sociale dépend de son apport et de la valeur estimée de la société.
- Quand on souhaite céder son activité
- Quand on reprend une activité
La plupart du temps, les transactions se concentrent sur le chiffre d’affaires, le résultat d’exploitation, le flux de trésorerie, l’état des investissements, les clients…Nous ne rentrerons pas dans ces critères, qui de fait sont liés à l’activité au long cours de l’entreprise. Ils limitent la vision de l’entreprise à son activité passée et ne mettent pas en lumière son évolution future.
Pour matérialiser le futur, il est conseillé de faire fructifier le capital immatériel de l’entreprise, à savoir développer des produits ou procédés pouvant être brevetés, maîtriser des barrières à l’entrée sur son marché (secret de fabrication par exemple), développer son image de marque, mettre en avant les développements informatiques propres à l’entreprise, son site web ou ses applications le cas échéant.
Tous ces actifs, puisque c’est bien de cela dont il s’agit, sont autant de valeurs à considérer.
Exemple : une entreprise œuvrant dans l’outillage, ayant une excellente image de marque, disposant de brevets sur ses produits phares, et réalisant un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros peut être mieux valorisée que son homologue (même chiffre d’affaires et bénéfice) dont la marque manque de notoriété et dont les produits ne sont pas protégés.
Il est donc important de se pencher sur ces brevets, marques, logiciels, sites web ou applications et d’en estimer la valeur, puisque ce sont eux qui seront en bonne partie garants du capital de croissance de l’entreprise.
Alors comment peut-on évaluer ces actifs au plus juste, de façon indiscutable? Quels critères sont à considérer dans leur évaluation ?
Les critères d’évaluation
Voici les critères que je suis amenée à considérer lorsque j’effectue ce type d’évaluation. Bien entendu, chaque brevet, marque, logiciel… est spécifique et donc, chaque évaluation est unique.
Prenant partie d’un capital d’évolution pour des revenus futurs, je retiens le plus souvent une approche « par les revenus » plutôt que « par les coûts ». En effet, l’approche du coût de remplacement se révèle peu pertinente (elle ne prend pas en compte le marché) et l’approche par analogie avec des transactions similaires est dans la majorité des cas non applicable faute de données.
De ce fait, les critères principaux que nous considérons lors d’une évaluation financière sont les suivants:
L’actif et ses aspects techniques et fonctionnels
- La nature : application, logiciel, brevet, marque…
- L’état de l’art
- Les coûts de développement et ressources associées
- Les fonctionnalités proposées
Le mode de protection des droits et la force de cette protection (barrières à l’entrée)
- Nature (droit d’auteur, brevet, marque…), qualité, ancienneté, zone géographique couverte, force face aux risques de contrefaçon et copie
Le marché
- Qui sont les sociétés et produits directement ou indirectement concurrents?
- Quels sont les principaux axes de différenciation?
- Quel est le modèle d’affaire ?
- Stratégie marketing (politique tarifaire, distribution, segmentation du marché, communication)
- Part de marché et étendue du marché
Le chiffre d’affaires attendu pour la durée de vie restante, les marges associées
- Ventes passées (directes, maintenance, licences…)
- Prix
- Durée de vie estimée
- Estimation des ventes futures (volumes)
- Vitesse et mode de pénétration du marché
- Courbe des ventes
- Coûts associés (directs et indirects, tels que la maintenance)
Les risques liés à l’exploitation et les ratios, augmentant ou réduisant la valeur
- contribution des droits d’exploitation à la réalisation de la marge
- Dévaluation éventuelle à considérer
- Risques de copies, contrefaçons, litiges
- Fidélisation des inventeurs du produit ou procédé, ou développeurs dans le cas de logiciels
- Risques habituels liés à l’exploitation
Conclusion
Une fois tous ces paramètres passés en revue, des scénarios d’exploitation sont dressés et ce sont eux qui permettent d’argumenter de la valeur de ces actifs en termes de potentiel de développement pour l’entreprise.
Il est donc essentiel au cours de votre activité de capitaliser vos connaissances et vos développements, sous forme de droits de propriété et d’exploitation, ou encore de secret lorsque c’est possible, afin de :
- matérialiser la valeur que vous produisez,
- sécuriser l’exploitation
- pérenniser votre développement économique.
En savoir plus sur la valorisation financière de la propriété intellectuelle de l’entreprise?