Nous proposons dans cet article une analyse des dépôts de brevets dans le monde sur le thème de la blockchain. Une étude éclairante !
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, qui se veut transparente, sécurisée, et fonctionnant de façon distribuée, c’est-à-dire sans organe central de contrôle. Elle est la technologie sous-jacente du bitcoin. Aujourd’hui de nombreux acteurs (entreprises mais aussi gouvernements) envisagent l’utilisation de la technologie pour d’autres applications que les cryptomonnaies.
Parlant de décentralisation du contrôle, de sécurité et de transparence, l’utilisation de la blockchain peut par exemple s’appliquer au transfert d’actifs (monnaies mais aussi titres, votes, actions, obligations…), à une meilleure traçabilité des produits, ou encore aux « smart contracts », qui exécutent automatiquement les conditions et termes d’un contrat, sans intervention humaine.
Pouvant remplacer les « tiers de confiance » actuels, cette technologie peut intéresser de nombreux secteurs, tels que les banques /assurances, la santé, la supply chain, l’énergie, l’immobilier…
Ainsi, dans l’univers de l’innovation, et notamment des FinTech ou des AssurTech, le mot « blockchain » est quasi omniprésent. Initialement, la technologie de la blockchain est opensource : tout le monde peut y accéder, l’utiliser à sa guise, l’adapter à ses usages propres.
On en déduirait un peu trop rapidement que nul ne peut se l’approprier d’une certaine façon. Pourtant certains acteurs déploient des stratégies de dépôt de brevets pour obtenir des droits exclusifs d’exploitation sur les procédés qu’ils développent et qui s’appuient sur cette technologie.
De nombreux dépôts, récents, sont encore au stade de simples demandes de brevet (environ 80%), mais 15% des titres de propriété sont déjà actifs dans le monde.
Nowall Innovation, une société française de conseil en innovation, a fait un rapide état des lieux pour savoir ce qu’il se tramait dans les bureaux de R&D du monde, en s’appuyant sur Patsnap, un outil d’analyse des brevets performant.
Voici en images quelques enseignements.
Les graphes suivants montrent les technologies brevetées qui concernent ou s’appuient sur la blockchain :
On constate que les déposants sont essentiellement américains et chinois. L’Europe suit loin derrière, et la France n’apparaît pas dans le peloton… Les deux plus grands déposants du secteur sont les sociétés IBM et nChain.
Il est intéressant aussi de constater que 6 années ont été nécessaires à ces acteurs pour s’emparer réellement de la technologie blockchain. En effet , la première blockchain est apparue en 2008 avec la cryptomonnaie bitcoin, développée par une personne répondant au pseudonyme Satoshi Nakamoto. Toutefois, les dépôts de brevets se multiplient réellement qu’à partir de 2014 et connaissent un essor en 2016 et 2017. Il est trop tôt pour se prononcer encore sur 2018!
Cela permet de démontrer que la blockchain s’invite de plus en plus dans les bureaux de R&D dans le monde et que les procédés qui s’appuient sur cette technologie peuvent être protégés par brevet.
Plus inquiétant, les Français et Européens semblent avoir manqué ce virage, du moins sur le terrain de la propriété industrielle… Les aspirants exploitants devront donc particulièrement prêter attention à ne pas contrefaire des solutions qui sont, ou pourraient être prochainement, brevetées car le futur s’écrit aujourd’hui, au moins en partie, dans les brevets…