partnership open innovation

Juristes et responsables R&D : des partenaires qui s’ignorent…

…ou se détestent ! Dans le meilleur des cas, ils se supportent (attention : double sens!).

Au long de mon parcours, j’ai été frappée par le pouvoir de nuisance d’un manque de communication entre différents services d’une entreprise ou d’un laboratoire. Ces nuisances sont particulièrement perceptibles lorsqu’on se retrouve autour d’une table de négociation de partenariats R&D ou de projets de consortium. Le résultat est même parfois désastreux.

Comment peut-on faire des responsables R&D et des juristes des alliés pour développer une stratégie d’open innovation, d’innovation collaborative et bien en limiter les contours?

Le processus et postures que j’ai le plus souvent rencontrés sont les suivants :

  1. Des responsables ou ingénieurs, chercheurs R&D se rencontrent et, au cours de leurs discussions, en viennent à déceler des synergies entre leurs expertises respectives. Ces synergies sont une voie parmi d’autres pour faire émerger des projets innovants, de nouvelles activités économiques pour l’entreprise comme pour le laboratoire.
  2. Ces personnes en réfèrent à leurs directions respectives qui approuve, ou non, la poursuite des discutions en vue de la mise en place d’un partenariat.
  3. Les responsables R&D poursuivent, le cas échéant, la négociation sur le plan technique le plus souvent, s’improvisent parfois sur le terrain juridique, et arrivent à un accord de principe oral.Vient alors le moment où il faut rédiger cet accord sous forme de MOU ou de contrat…
  4. Les juristes sont sollicités et prennent partiellement ou complètement le relais, avec face à eux d’autres juristes, qui n’ont souvent pas pris davantage part aux discussions précédentes et ne cernent donc pas l’esprit du contrat à rédiger. Et comment le pourraient-ils ?
  5. Des échanges mails (interminables) ont lieu entre ces juristes et les décisionnaires pour :
    • aboutir à un contrat, plus ou moins fidèle à l’esprit initial du partenariat…
    • ou rompre toute velléité de partenariat car la relation, l’entente initiale, aura été rompue car dénaturée ou victime de trop de tergiversations… Tergiversations qui parfois ne concernent que la forme, le paragraphe qui n’est pas assez « jargonneux », la virgule oubliée…

A l’issue de mauvaises expériences,

  • les responsables R&D se crispent et tiennent les juristes pour responsables de l’échec car ils auront été jugés trop tatillons ou jargonneux.
  • Les juristes fustigent les responsables R&D qui leur transmettent des projets où les clauses principales n’auront pas été abordées, ou bien partiellement. Ils assument alors cette tâche délicate et sont perçus comme la mouche du coche car ils n’ont pas été intégrés suffisamment tôt dans les négociations pour traiter les points importants de façon cordiale, plutôt que par une proposition écrite qui semble sèche, rigide (même si elle n’a pas vocation à l’être).
  • Les partenaires potentiels vivent une désillusion qui peut ternir de prochaines tentatives de collaboration. Ils se sentent trahis, voire abusés, par les propositions de contrats qui sont faites. In fine chacun va tenter de tirer la couverture à soi plutôt que de rester dans une posture constructive, favorable à l’innovation collaborative.

 

Vous ne vous reconnaissez pas dans ces situations ?
Alors vous êtes chanceux et il faut préserver vos postures de négociation !

 

Si ces attitudes en revanche ne vous parlent que trop, il est temps d’imaginer des actions qui permettraient de réconcilier juristes et responsables R&D pour favoriser une construction cordiale de bout en bout de vos partenariats et projets de consortiums.

Une des solutions est simplement de les faire travailler ensemble le plus en amont possible sur les projets de collaboration. Ils comprendront ainsi bien mieux le rôle de chacun.
La vocation du juriste n’est pas de compliquer la relation, mais de la sécuriser par une formalisation juste, adaptée à la situation. Encore faut-il qu’il comprenne la relation et connaisse au mieux la situation!

Il est par exemple possible pour le juriste de sensibiliser le responsable R&D aux aspects juridiques cruciaux à définir avec son partenaire potentiel, avant la rédaction d’un accord. Voire mettre systématiquement juriste et responsable R&D ensemble autour de la table des négociations de sorte à ce que le juriste comprenne l’esprit de la relation et s’y intègre. Il aura alors à cœur de faciliter sa formalisation.
Chacun y trouvera une nouvelle source de satisfaction et de valorisation, tout en sachant rester à sa place.

Juristes et responsables R&D : des partenaires qui se soutiennent !

Et vous, quelle est votre expérience?
Partagez-vous ces constats ou estimez-vous au contraire que la transversalité s’installe davantage?

 

Pour en savoir plus sur le rôle des juristes en entreprise et leur contribution à la performance

Autres articles

Newsletter

Nous produisons 5 newsletters par an. Recevez nos publications et actualités sur l’innovation !

100% Privé. Pas de spam.